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Émergence multiple de la monnaie

Dans toute société humaine, la notion de lien entre les individus est essentielle. Ces liens se définissent par des échanges aussi bien matériels que conceptuels. La cohérence d’une société se traduit donc par des interactions comme le troc, le mariage ou la hiérarchie sociale. L’apparition des monnaies a permis de pérenniser des échanges : une monnaie économique pour les transactions matérielles (billets de banque…), des monnaies de lien (bague de fiançailles…) pour les interactions sociales. L’utilisation des monnaies ne semble pas anecdotique puisqu’on constate son émergence à des époques et dans des sociétés distinctes.

Qu’est-ce qu’une monnaie ?

La monnaie telle qu’on la connait aujourd’hui remplit trois fonctions : elle sert d’intermédiaire aux échanges, elle constitue une réserve de valeur et elle fait office d’unité pour la comptabilité. Les monnaies qui nous sont familières se présentent essentiellement sous la forme de billets et de pièces. Mais au cours de l’histoire, les monnaies ont pris des formes variées : métaux, artéfacts, objets naturels tels que coquillages, plumes, etc. Certaines monnaies anciennes, ou paléomonnaies, pouvaient revêtir une signification particulière en étant utilisées pour créer ou entretenir des liens sociaux entre individus. On les appelle monnaies de lien.

Paléomonnaie et monnaie classique : quelles différences ?

S’il est difficile de proposer une définition irréfutable de ce que représentent les paléomonnaies du fait de leur considérable diversité, un certain nombre de critères permettent de les différencier des monnaies dites “classiques” (nos pièces et billets). Une paléomonnaie est le plus souvent constituée d’éléments présents dans la nature (dents, plumes, pierres, etc.), qui peuvent être utilisés tels quels ou profondément transformés. Les objets ainsi choisis ou fabriqués ont généralement une valeur proportionnelle au temps qu’il a fallu pour les récupérer ou les produire. Au sein de mêmes ethnies peuvent cohabiter des paléomonnaies “matérielles”, utilisées pour les échanges du quotidien, et des monnaies de lien qui participent à entretenir les rapports sociétaux, hiérarchiques ou encore matrimoniaux. Ce deuxième aspect rapproche les monnaies de lien de nos symboles de statut, car elles confèrent souvent prestige et pouvoir à qui les possède (au même titre qu’un bijou ou une voiture de luxe). Le symbolisme associé aux monnaies de lien peut revêtir des connotations religieuses, politiques ou encore totémique, dont l’étude apporte d’importants enseignements sur la culture des populations qui les emploient.

Quelles sont les caractéristiques d'une 'bonne' monnaie ?

Une monnaie peut tenir sa valeur directement de la rareté du matériau dont elle est issue, ou du moins d'une rareté locale. Par exemple, des coquillages récoltés facilement sur le bord d'une plage sont introuvables au milieu du continent africain, où ils sont utilisés comme monnaie. Pour des monnaies plus élaborées, la valeur dépend également de l’investissement nécessaire à sa confection. Les dents des cochons, utilisées comme monnaie de lien dans plusieurs ethnies océaniennes, sont par exemple prélevées sur des animaux âgés d'au moins sept à huit ans qu’il aura fallu élever avec soin. De plus, des substances biologiques utilisées pour produire des monnaies proviennent parfois d'animaux rares, comme les oiseaux de paradis ou certaines espèces de chauve-souris.

Une autre caractéristique que doit posséder une monnaie pour être aisément utilisable est d'être facilement échangeable : elle doit ainsi être relativement petite, solide et facilement comptable. Une autre qualité indéniable d'une bonne monnaie est ne de pas être falsifiable; plus il est difficile de fabriquer des faux, plus la monnaie est fiable.

La variabilité de la qualité de l'objet biologique ou de l'espèce utilisée pour produire la monnaie peut aussi être à l'origine de l'établissement d’échelles de valeurs au sein d'une monnaie (des coquillages brillants valent plus que des coquillages mats, des dents de cochon formant un cercle complet valent plus que des dent moins enroulées, des plumes des oiseaux d'une certaine île valent davantage que celles des oiseaux de l'île d'à côté, etc.) L'objet peut également avoir une valeur symbolique, ses décorations et le soin apporté à la confection de l'objet sont alors des symboles de l'autorité et de la richesse du possesseur de l'objet, même si la monnaie en elle-même n'a pas beaucoup de valeur.

Place des paléomonnaies dans les monnaies actuelles

L’intégration de systèmes d’échanges anciens dans une économie mondialisée ne se fait pas toujours sans accroc : difficile de généraliser l’usage des billets de banque quand le papier n’a aucune valeur intrinsèque. Pour faciliter la transition ou la cohabitation entre paléomonnaies et monnaies “classiques”, il est dès lors récurrent de faire appel à des symboles de prestige. Cauris, oiseaux, cochons se sont ainsi retrouvés sur des pièces ou billets nouvellement mis en circulation, afin que la richesse qu’ils incarnent soient perpétuée dans un système économique encore balbutiant. Par ailleurs, l'avènement de la monnaie moderne ne signifie pas la disparition des paléomonnaies, encore utilisées dans nombre de populations humaines (en particulier les monnaies de lien).

Enseignants et participants - Session 2017

Les étudiants

  • Tristan Berr
  • Nathalie Boure
  • Mathieu Brevet
  • Pierre Galipot
  • Jimmy Hortion
  • Cédric Jalade
  • Sarah Jones
  • Hugo Le Jalu
  • Théo Marchand
  • Marie Naoumenko
  • Philomène Senez
  • Tess Valin

Les intervenants

David Besson, Responsable des collections, musée des Confluences

  • Julien Bondaz, MCF Lyon 2 (Ethnologie)
  • Nicolas Goudemand, PI ENS de Lyon - IGFL (Biomodélisation)
  • Jean-Philippe Magué, MCF ENS de Lyon - ICAR (Sciences du Langage et Humanités Numériques)
  • Carole Millon, chargée d'expositions, musée des Confluences
  • Jean-Pierre Moussus, responsable de la collection ENS de Lyon (Biologie animale et écologie)
  • Morgane Ollivier, MCF ENS de Lyon (Biologie évolutive, bioinformatique)
  • Marie Perrier, responsable collection Afrique et Océanie, musée des Confluences
  • Marianne Rigaud-Roy, chargée d'expositions, musée des Confluences

Outre les intervenants ci-dessus, la première session de l'UE pratiques en muséologie en 2016 a été rendue possible grâce à Sylvie Martin, Jean-Nicolas Volff, Marie Gautheron, Catherine Hänni à l'ENS de Lyon et d'Hélène Lafont-Couturier, Bruno Jacomy, Nicolas Dupont, Christian Sermet, Magali Moret, Anne-Sophie Renard au musée des Confluences.

Et les étudiants : Florent Figon, Carole Chedid, Remy Masson, Amael Dupaix, Nicolas Elleaume, Viet Chau Linh Nguyen, Manon Hullot, Gustave Fradin, Valentin Lauret, Allan Bernard, Noémie Combemorel, Alexis Corbara.

Plus d'informations sur le partenariat ENS de Lyon - Musée des Confluences et l'UE Pratiques en muséologie : alicia.treppoz-vielle (a) ens-lyon.fr

Equipe muséologie 2017