Quand la monnaie a des poils !
Introduction
Cette parure est une paléomonnaie issue de la culture kanake en Nouvelle-Calédonie. Son usage était exclusivement réservé aux femmes et filles de chefs de clans, comme une marque de prestige au sein de ce lignage. Elle peut aujourd'hui être encore trouvée dans les « paniers sacrés » appartenant à ces familles. Cette parure se compose de deux éléments couramment associés au système de monnaie de lien dans la société kanake :
- l'écheveau de poils de roussette (hîjuk en langue Nemi)
- et le collier de jade (caawe).
Sa conception est particulièrement minutieuse : tressage de poils de roussette fins et courts sur une fibre végétale de bourao (hibiscus). Cette tresse est ensuite colorée à l'aide de pigments pour les deux écheveaux, qui sont reliés par la fibre végétale sur laquelle on ajoute des perles de jade polies.
Liste des objets de cette collection
Monnaie et culture kanake
L'organisation sociale kanake est très hiérarchisée, avec à sa base des clans (plusieurs familles) regroupés en tribus elles-mêmes sous l'autorité d'une grande chefferie. Les échanges et relations sociales entre clans sont ritualisés lors de cérémonies, c'est ce qu'on appelle « faire la coutume ». Cette pratique consiste en un système de dons et de contre-dons se composant de monnaies de lien (coquillages, jupes de fibres, hache ostensoir, ignames...) et aujourd'hui d'objets plus banals (tabac, argent…). Ils sont accompagnés de discours coutumiers pendant lesquels la parole et l'écoute ont une dimension sacrée. Ces monnaies n'ont pas de valeur économique réelle, mais leur complexité de fabrication, leur couleur et leur longueur définissent l'importance de l'échange, de l'alliance créée. Les cérémonies faisant appel à la coutume sont diverses, elles se retrouvent aussi bien dans les pratiques quotidiennes (du pardon à l'hospitalité), que durant les événements marquant les moments forts de la vie kanake (naissances, mariages, décès, intronisation des chefs).
La roussette
La roussette est un animal très présent dans la culture kanake. En Nouvelle-Calédonie, on trouve 4 espèces de roussette : une espèce du genre Notopteris endémique à l’archipel et 3 espèces du genre Pteropus dont 2 sont endémiques. Elle est à la fois vénérée comme un animal emblème et consommée pour sa viande. Ses os et poils sont utilisés pour orner des objets qui servent de monnaie de lien lors des cérémonies kanakes.
Les roussettes sont aujourd’hui menacées en Nouvelle-Calédonie à cause de la surchasse et de la destruction de leur habitat. Leur chasse fait donc l’objet d’une réglementation très stricte : elles peuvent être chassées seulement en avril et en nombre limité (5 roussettes par jour et par chasseur).
Références
- http://www.biodiversite.nc/Ecologie-des-Megachiropteres
- http://www.museenouvellecaledonie.nc
- http://www.mncparis.fr/uploads/biodiversite_MNC.pdf
- Contributions à l’inventaire chiroptérologique de la Nouvelle-Calédonie : Chiroptera Pacifica, Missions 2000 & 2001. Kirsch et al.
- La symbolique canaque : De la tribu aux attributs d'un État. Quentin Coustillet-Kaszowski.
- http://www.coutume-kanak.com/la-coutume/faire-la-coutume-2/
- http://www.mncparis.fr/uploads/la-coutume-kanak.pdf
- http://www.persee.fr/doc/jatba_0021-7662_1975_num_22_10_3217
- http://www.tour-du-monde.nc/culture-nouvelle-caledonie/monnaiekanak.pdf