La primevère : une des premières fleurs du printemps
La première fleur du printemps, c’est la signification de Primula, nom de genre de la Primevère, qui dérive du latin primulus (tout premier) et de veris (du printemps). L’espèce la plus commune a d’ailleurs comme nom spécifique veris. Cette primevère à petites fleurs jaunes fleurit parfois dès début mars, à la faveur d’un redoux. Avec des fleurs à deux longueurs de style, la Primevère présente une particularité assez rare chez les plantes.
La Primevère de printemps, l'espèce la plus commune
La Primevère de printemps (Primula veris) est une plante vivace qui croît par un rhizome vertical (ou subvertical) d’où partent de nombreuses racines adventives. Les parties profondes du rhizome meurent à mesure que la croissance de sa partie supérieure se poursuit, mais il ne sort cependant jamais du sol car il est régulièrement enfoncé par la contraction des racines adventives. Des feuilles ovales, brusquement rétrécies en pétiole, ridées et réticulées dessus, pubescentes et grisâtres dessous, se disposent en rosette sur le rhizome. Un pédoncule floral couvert de poils cotonneux s’échappe de la rosette de feuilles ; il porte à son sommet une ombelle de fleurs jaunes toutes penchées du même coté.
La fleur, hermaphrodite, comprend...
- ... un calice renflé, à 5 angles saillants et 5 dents matérialisant les 5 sépales soudés, qui protège la corolle ;
- ... une corolle jaune, composée d’un tube étroit, qui se rétrécit au niveau des étamines puis s’évase en cuvette à 5 lobes échancrés, tachés d’orange à la base. Les 5 lobes représentent les 5 pétales soudés ;
- ... 5 étamines soudées au tube de la corolle face aux lobes des pétales et insérées, suivant la fleur examinée, au milieu ou au sommet du tube (voir ci-dessous) ;
- un pistil se composant d’un ovaire à 5 carpelles soudés surmonté d’un style terminé par un stigmate globuleux trilobé. Chose rare, l’ovaire n’a pas de cloisons (l'ovaire est dit uniloculaire) et les ovules sont fixés sur un curieux placenta sphérique fixé par la base (la placentation est centrale).
En examinant les fleurs de plusieurs pieds, on remarque suivant les individus deux longueurs de styles (hétérostylie) corrélées avec des hauteurs d'étamines différentes :
- les fleurs brévistylées présentent un style court (d'où leur nom), arrivant au milieu du tube de la corolle associé à des étamines hautes insérées au sommet du tube de la corolle ;
- les fleurs longistylées présentent un style long (d'où leur nom), arrivant au sommet du tube de la corolle (fleur dite longistylée) associé à des étamines basses insérées au milieu du tube de la corolle.
Cette hétérostylie est accompagnée également de deux tailles de papilles stigmatiques et de deux tailles de grain de pollen (voir à ce sujet notre prochain article : La primevère : un modèle pour l'hétérostylie).
La fleur fécondée se transforme en fruit. L’ovaire grossit et donne une capsule s’ouvrant au sommet par 10 dents (la déhiscence est dite denticide). La capsule reste un temps coiffée par la corolle desséchée, puis reste incluse dans le calice persistant.
Les autres espèces jaunes communes
Deux autres espèces de primevères jaunes se rencontrent dans les plaines et collines françaises. Les trois espèces sont faciles à différencier par leur morphologie mais également par leur répartition et leur écologie.
Notons que des hybrides entre ces trois espèces existent, ce qui rend la détermination parfois difficile.
Pour en savoir plus
- BONNIER G., La grande flore de Gaston Bonnier, Belin 1999.
- COSTE H., Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des contrées limitrophes, Librairie des Sciences et des Arts, 1937.
- FOURNIER P., Les quatre flores de France, Dunod 2001.
- RAMEAU J.-C, D. MANSION et G. DUME, Flore forestière française, Tome 1, IDF, 1993.
Régis Thomas et David Busti, avril 2012.