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La vie de la ruche

Auteur : Elodie Carémoli ; Publication : David Busti

Organisation externe d'une ruche.
La ruche Dadant est le format le plus couramment rencontré dans les ruchers de nos régions. Elle est constituée d’un corps de ruche en pin (C) recouvert d’une peinture d’aluminium pour protéger le bois. Au-dessus, un nourrisseur en bois horizontal (N) permet à l’apiculteur de nourrir ses abeilles avec du sirop de sucre à l’automne et au printemps (les abeilles peuvent y accéder par l’intérieur de la ruche). Une grille en métal (G) est installée à l’entrée de la ruche pour bloquer l'entrée aux animaux affamés attirés par le miel. Un toit en tôle (T) protège l'ensemble. Enfin, un plateau d'envol (P) sert de piste d'envol et d'attérissage aux abeilles qui partent de la ruche ou qui en reviennent chargées de pollen et de nectar. (Ruche de l'Ecole Normale Supérieure de Lyon)

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Entrée des butineuses dans une ruche.
Les butineuses reviennent à la ruche chargées de pollen et de nectar. Le pollen aggloméré est transporté sous forme d'une pelotte au niveau de la troisième paire de pattes. Les butineuses entrent dans la ruche sans bousculade au niveau de la grille où elles se font inspecter par les gardiennes. (Ruche de l'Ecole Normale Supérieure de Lyon, 17 avril 2012)

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Organisation d'un cadre de ruche.
A l’intérieur de la ruche, sont placés 10 cadres en bois munis d’une feuille de cire gaufrée sur laquelle les ouvrières bâtissent les alvéoles. Chaque cadre est constitué de 2 faces composées chacune de 3600 alvéoles construites par les ouvrières. Les alvéoles recouvertes d'un opercules plissés (M) contiennent les réserves de miel pour la ruche. Les réserves de pollen (P) sont stockées quant à elles dans des alvéoles sans opercule dont le fond est coloré en rouge, jaune ou orange. Les alvéoles du centre du cadre (C) contiennent le couvain : œufs, larves (alvéoles ouvertes) et nymphes (alvéoles fermées). Lors de cette visite printanière, la ruche contenait déjà environ 20 000 têtes. (Ruche de l'Ecole Normale Supérieure de Lyon, 17 avril 2012)

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Abeille secouant les étamines d'un châton mâle de Saule marsault (Salix caprea).
Les grains de pollen sont rassemblés sous forme de pelotes sur les P3 des ouvrières grâce à la régurgitation d’un peu de nectar du jabot. Les pelotes de pollen sont ensuite décrochées des corbeilles grâce à une épine « décroche pelote » située sur la 2ème paire de patte, puis elles sont stockées à l’intérieur de la ruche dans des alvéoles spécialisées pour servir de nourriture à la société.

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Haut de cadre mastiqué par la propolis.
La propolis est une substance collante récoltée par les butineuses les plus expérimentées sur les bourgeons de divers arbres (conifères, aulnes, bouleaux, peupliers, Marronier d'Inde). Chez les arbres, son rôle est d'imperméaliser les bourgeons, les rendant plus résistants vis-à-vis de la dessication lors de l'hiver. Dans la ruche, la propolis joue notamment le rôle d'antifongique et de mastic servant réparer les cadres. Sa consistance évolue avec la température.

Ruche-cadre-propolis.jpg

 

La ruche Dadant est le format le plus couramment rencontré dans les ruchers de nos régions. Elle est constituée d’un corps de ruche en pin recouvert d’une peinture d’aluminium pour protéger le bois. A l’intérieur, sont placés 10 cadres en bois munis d’une feuille de cire gaufrée, le motif des alvéoles hexagonales est déjà imprimé pour aider les ouvrières à les construire de façon régulière et surtout pour gagner du temps car la fabrication d’un kilo de cire nécessite la consommation de 10 kg de miel ! Au-dessus du corps de ruche, un nourrisseur horizontal permet à l’apiculteur de nourrir ses abeilles avec du sirop de sucre à l’automne et au printemps (les abeilles peuvent y accéder par l’intérieur de la ruche). Tous les mets raffinés stockés à l'intérieur de la ruche attirent la convoitise de divers animaux affamés comme les musaraignes, les lézards, les guêpes et les fourmis. C’est pourquoi une grille en métal est placée à l’entrée de la ruche. De plus, les ouvrières peuvent rentrer sans bousculade et se faire inspecter par les gardiennes.

Au moment de la miellée, on installe une hausse sur le dessus du corps de ruche. La hausse est constituée de 9 demi-cadres, un cadre de moins que le corps pour permettre aux ouvrières de faire des opercules plus épais sur les alvéoles emplies de miel. Cela facilite l’extraction du miel. Pour éviter que la reine ne transforme la hausse en pouponnière, ce qui rendrait le miel impropre, l'apiculteur place une grille à reine au dessus du corps de ruche. En procédant ainsi, l’apiculteur profite du comportement d’amassage des abeilles, lesquelles stockent beaucoup plus de miel que leur besoin réel dans la mesure où les races ont été sélectionnées en ce sens au détriment d’autres qualités comme la douceur, la tenue de cadre, la résistance aux maladies et la propreté des locaux. En présence de la hausse, compartiment supplémentaire inaccessible à sa seigneurie, les ouvrières vont y stocker le nectar qui sera travaillé, avalé, recraché, échangé par trophallaxie et mélangé aux enzymes digestives. Sa teneur en eau va ensuite progressivement s’abaisser par évaporation dans l’alvéole jusqu’à une valeur seuil d'environ 18% qui servira de signal pour fermer l'alvéole d'un l’opercule reconnaissable par son aspect plissé. Ce nectar transformé devient du miel. Il est intéressant de noter que chaque ouvrière effectue les différentes tâches en fonction de son âge, c’est-à-dire en fonction de son état physiologique qui correspond à la maturation des différents organes. Par exemple, les ouvrières cirières sont de jeunes abeilles âgées d’environ 10 jours qui produisent des paillettes de cire sur la face ventrale de leur abdomen, les décollent, les malaxent, chauffent la cire gaufrée déjà fournie et l’étirent pour former les alvéoles. Tout est organisé à la perfection : le centre du cadre est réservé à la ponte alors qu'en périphérie on trouvera les réserves de pollen (qui servent de nourriture aux larves) et de miel (pour nourrir les larves et les ouvrières).

Gelée royale, miel, pollen : à chacun son régime alimentaire !
Au départ les larves sont toutes logées à la même enseigne : gelée royale à volonté pendant les trois premiers jours de leur existence, tant et si bien que les chenillettes flottent dans le fond des alvéoles. Des cadres sortis avec brutalité de la ruche à ce moment risquent de noyer les petites larves. La gelée royale est une sécrétion des glandes mandibulaires et hypopharyngiennes de l’abeille au stade « nourrice » c’est à dire âgée de 4 à 10 jours.
On observe ensuite une distribution différente des denrées en fonction de « l’appartenance sociale » : La reine profitera de la gelée royale tout au long de sa vie larvaire (soit 5 jours) et sa vie adulte (4 à 5 ans), même si les apiculteurs professionnels préfèrent remérer tous les 2 ans pour des raisons de productivité.
Les larves de mâles et d’ouvrières ont droit à partir du 4ème jour à une mixture miel/pollen, le régime des mâles semble toutefois plus riche en pollen. Le pollen récolté doit être d’excellente qualité, riche en protéines, mais également le plus varié possible.

 

Les grains de pollen récoltés par les butineuses sont rassemblés sous forme de pelotes sur les P3 des ouvrières grâce à la régurgitation d’un peu de nectar du jabot. Les pelotes de pollen sont ensuite décrochées des corbeilles grâce à une épine « décroche pelote » située sur la 2ème paire de patte, puis elles sont stockées à l’intérieur des alvéoles, tassées par la tête des ouvrières, mélangées à un peu de salive riche en enzymes. Il s’ensuit une fermentation lactique des sucres du nectar présents grâce à la microflore intestinale de l’abeille, permettant la conservation (par acidification du milieu) et augmentant le pouvoir nutritif du pollen. On obtient du « pain d’abeille ». S'il le souhaite, l’apiculteur peut commercialiser les pelotes en plaçant une trappe à pollen à l’entrée de la ruche : les abeilles sont forcées de traverser un tamis étroit et les pelotes se décrochent d’elles-mêmes.

La récolte du miel a lieu par beau temps généralement au mois de juillet si l’on fait qu’une seule récolte annuelle, ou à la fin de chaque floraison : en mai pour le Colza, juin pour le Robinier faux-acacia, juillet pour le Châtaignier, août pour le Tournesol. La veille de la récolte, l'apiculteur place entre le corps de ruche et la hausse un plateau « chasse abeilles » (plateau qui ne peut être traversé par les abeilles que dans un seul sens) de sorte que les abeilles puissent le traverser du haut vers le bas (et non du bas vers le haut : faites attention de l'installer dans le bon sens !). Comme chaque nuit les ouvrières descendent dormir au chaud après avoir longuement travaillé à l’étage, le lendemain la hausse est quasiment vide d’abeilles. L'apiculteur prendra garde aussi de ne pas laisser le « chasse abeilles » plusieurs jours car elles auront vite fait de trouver une solution pour détourner le sens unique. L’extraction se fait après avoir découpé les opercules au couteau. Pour cela, on place les cadres de hausse dans l’extracteur (une grosse centrifugeuse électrique ou manuelle) de façon à ce que le miel soit éjecté sur les parois et coule au fond de l'extracteur. A l’ouverture du robinet, le miel sera filtré dans une passoire fine puis mis en pot.

La propolis : récolte et utilisations
Les butineuses ne récoltent pas seulement le pollen et le nectar, mais également la propolis (terme venant du grec pro signifiant "en avant", et polis signifiant "de la cité"). Il s'agit d'une substance collante enduisant les bourgeons de certains arbres (conifères, aulnes, bouleaux, peupliers, marroniers d'Inde) et récoltée par les butineuses les plus expérimentées. L’abeille confectionne une pelote de propolis sur ses P3 comme pour le pollen.
La propolis a de nombreuses utilisations dans la ruche : réparation des cadres, enduit des alvéoles, mastic bouche-fissure, réduction de l’entrée à un seul trou de vol, colmatage de la grille d’aération, fixation des divers éléments (toît, nourrisseur…). Elle limite également le développement des moisissures dans la ruche. Il arrive quelquefois, en l’absence de grille d’entrée, qu’une musaraigne s’introduise dans la ruche. Une seule piqûre lui sera fatale. Les abeilles ne pouvant pas la sortir, elles vont l’enduire de propolis à la manière des égyptiens qui l’utilisait lors des rites de momification. Les abeilles en mettent partout, c’est un casse tête pour l’apiculteur à l’ouverture de la ruche.
Signalons enfin que certaines races d’abeilles propolisent plus que d’autres et qu'il est possible pour l'apiculteur de la récolter car on lui prête de nombreuses vertus antiseptiques. La propolis est en effet composée de près de 400 molécules différentes parmi lesquelles de nombreux anti-oxydants (flavonoïdes), des terpènes et des huiles essentielles. On la recommande pour soigner les infections ORL.

 

Pour en savoir plus

  • CLEMENT H. et coll., Le traité rustica de l'apiculture, Rustica éditions, 2011.
  • TARDIEU V., L'étrange silence des abeilles, Belin Pour La Science, 2009.
  • TAUTZ J., L'étonnante abeille, DeBoeck, 2009.

 

Elodie Carémoli, apicultrice. Mai 2012.

 


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