Selon l’OMS, environ 15% des cancers ont une étiologie infectieuse. Parmi les cancers viro-induits, la leucémie T de l’adulte (ATL, adult T-cell leukemia) est l’un des cancers du sang les plus agressifs : la médiane de survie n’excède pas 6 mois dans les formes aiguës. Cette pathologie est causée par un deltarétrovirus découvert en 1982, le virus humain de la leucémie T de type 1 (HTLV-1, human T-cell leukemia virus type 1). Comme les autres virus oncogènes humains, HTLV-1 met en place une infection chronique, au cours de laquelle la signalisation cellulaire est perturbée dans les cellules infectées, pouvant conduire à leur prolifération incontrôlée et à leur instabilité génomique. Par ailleurs, l'infection perturbe le système immunitaire, par des mécanismes à la fois directs et indirects, ce qui contribue à la chronicisation de l'infection et autorise la progression tumorale. Ce sont ces multiples facettes de l'infection que nous cherchons à comprendre au sein de l'équipe Oncogenèse Rétrovirale du CIRI (co-dirigée par Hélène Dutartre et moi-même).
Les thématiques de recherche de l'équipe sont donc à l’interface entre la virologie, l’immunologie et la cancérologie. Pour explorer cette interface, nous allions des approches de biologie moléculaire, de biochimie, de protéomique, et de biologie cellulaire.
Actuellement, je participe à deux projets principaux :
- Evaluation du risque oncogène associé aux différents variants d'HTLV-1 circulant dans le monde. Plusieurs génotypes d'HTLV-1 sont décrits, avec des aires de distribution géographiques spécifiques. Si le potentiel oncogène du génotype "cosmopolite" d'HTLV-1 est bien décrit, celui des autres génotypes circulant en Afrique ou en Océanie est très peu caractérisé. En collaboration avec des épidémiologistes et des biologistes structuraux, nous comparons les propriétés oncogènes de ces variants, et en particulier de la principale oncoprotéine du virus, la protéine Tax. Une partie de ce travail est réalisé par Thomas Duchateau, actuellement en thèse dans l'équipe et doctorant-moniteur dans l'équipe pédagogique.
- Modulation de la signalisation immunitaire innée par HTLV-1. Au-delà de ses propriétés oncogènes, et comme de nombreux autres virus, HTLV-1 interfère avec la signalisation immunitaire. En collaboration avec des virologistes travaillant sur d'autres virus qu'HTLV-1 (EBV et RSV, entre autres), nous cherchons à caractériser comment les fonctions de signalisation innée d'une famille de protéines cellulaires, dites "récepteurs de l'autophagie sélective", sont modulées en contexte infectieux.
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